Element aquatique

Roscoff

Marine bicolore créée du temps où j'habitais entre Brest et le Conquet. Bleu-gris et rouille comme les poulies de navires. Multiplicité des points de façades. Le ciel se traduit ici dans un point de tissage assez monotone. Du coup, je me suis sentie obligée d'augmenter la richesse d'autres périodes de points. Non seulement les maisons, mais aussi les différentes zones de sable (au moins quatre).

Puis la mer, avec toujours ce point long très régulier, sur laquelle se projettent les murs et le ciel.

Belle île

Port de Sauzon. Un incontournable. Façades, volets, toits d'ardoises et de tuiles, briques s'inscrivant dans le carré et la géométrie des points. On ne peut pas trouver mieux sur le plan géométrique. J'ai donc classiquement utilisé le double croix, les points jacquard, hongrois, de Brighton...

C'est pour cette raison que l'originalité devait se situer ailleurs : l'eau. L'élément aquatique qui se prête plus volontiers à la technique de l'aquarelle qu'à celle de la tapisserie. Il y est, pourrait-on dire, dans son élément. Le support des grands points de laine ne m'est pas venu tout de suite à l'esprit. Celui que j'ai utilisé ici, je l'emploie en général pour les structures verticales des tronc d'arbres. Il forme des écailles. Là, nous le retrouvons sur une grande échelle puisqu'il couvre plus de la moitié du tableau, et de manière horizontale. Les petits rectangles intérieurs à la figure, que je fais contraster avec le reste du point, suggèrent des éclats de lumière ou des traits d'écume.

Le sens de ce point droit permet aussi de jouer sur les reflets (barques, mât, façades des maisons...). Le point n'est pas compliqué en lui-même. Ce sont les couleurs, le jeu des reflets, ainsi que le choix de matières lustrées qui donnent son mouvement et sa brillance à la surface de l'eau.

Pour les verdures et les frondaisons, le point de velours, là encore, s'est imposé de lui-même. Sauzon étant un classique de l'imagerie littorale, le choix du cadre en bois marron à l'ancienne, avec quelques veines, était évident.

Port Breton

Ma première marine, inspirée d'un tableau d'Odilon Redon. Montée ici sur tringle. Une de mes toiles favorites, créée dans les débuts. Le choix du lin et du coton transparaît à plusieurs endroits à dessein, afin de se rapprocher de l'idée de « toile de navire ». L'utilisation exceptionnelle du tissu pour rendre les voiles du bateau suit la même idée.

Encore les points géométriques des façades des maisons que l'on peut varier à l'infini.

Le ciel tweedé au dessus des toits gris a demandé beaucoup d'attention, alors que le point en lui-même est très simple. Il a fallu sans cesse en varier les nuances afin que le port émerge de l'ombre. L'océan, quant à lui, joue à partir d'un point très monocorde. La seule chose qui doit ici changer est la tonalité des flots, plus clairs et luisants vers le rivage et sous la coque du bateau, plus sombres vers la base. Quelques filaments d'argent étaient aussi indispensables pour éclairer le reflet des vagues. L'élément aquatique est bien là, simple et complexe...